Froc monacal
Suis d'humeur mystique ce soir. La valse des mots de Bernard Tirtiaux y est d'ailleurs probablement pour quelque chose : l'ambiance veille pierre, les secrets chuchotés, les mots d'un autre temps, l'écriture poétiquement audacieuse. Comment ne pas songer à aller renifler l'air frais et humide d'une abbaye ?
Trêve de digression, une petite virée en terre linguistico-religieuse s'impose (serais-je nostalgique de ce petit mois d'été passé comme "guide improvisé" à l'Abbaye d'Orval?). Commençons par la figure centrale du moine un peu plus complexe qu'il n'y paraît.
Le moine n'est pas seulement bénédictin (ou "moine noir"), cistercien (ou "moine gris" puis "moine blanc"), franciscain, chartreux, trappiste, etc., selon l'Ordre auquel il a choisi d'appartenir. Le moine est également "froqué" ou bien "défroqué" (ouf on y arrive! Petit clin d'oeil à Tête brune qui se moque souvent de ma tendance à l'éparpillement).
Le froc désignait initialement la partie de l'habit monacal qui couvre la tête et tombe sur la poitrine et les épaules ; il s'est ensuite étendu à l'habit tout entier. Il n'a ensuite fallu qu'un zeste d'imagination pour lui donner du relief en l'intégrant à quelques expressions "idiomatico-religieuses" telles que Prendre le froc (entrer dans un ordre monastique), Abandonner le froc, se défroquer (ou dans un esprit plus champêtre, Jeter le froc aux orties). Bref renoncer à l'état monacal (ou ecclésiastique pour les prêtres) et devenir par la même occasion un défroqué.
Tout ceci ne nous explique pourtant pas comment le froc aux allures de cagoule d'autrefois est aujourd’hui un froc synonyme de pantalon.