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Je tu il blog
9 septembre 2007

Des sorciers sexués

Puisque celui des anges est introuvable (quoiqu’incontournable), voyons voir ce que révèle le sexe des sorciers.

Les noms pour désigner les "sorcières" et "sorciers" - au sens très général de "jeteur de sorts", bienveillants comme malveillants, sont multiples. Le genre (enfin le sexe des officiants) semble par contre peser dans la balance. C’est comme si la déclinaison du terme au masculin donnait un côté plus sympathique, plus rassurant et plus savant au personnage.

Aussi, selon les époques, les religions, les traditions, le sorcier est-il magicien, mage, enchanteur, devin, envoûteur, shaman (terme issu du toungouse (langue de la Sibérie orientale) désignant celui qui est bouleversé, transporté ; bref un mot clé à retenir transe), guérisseur, marabout, nécromant/nécromancien, thaumaturge ("opérateur de merveilles"), vaticinateur (synonyme de devin, prophète), féticheur, komian (prêtre (devin, thérapeute et possédé de la religion animiste). Bref c’est un « initié ».

Quoique la forme masculine semble prendre le pas sur la forme féminine, la magicienne, l’enchanteresse, l’envoûteuse, la guérisseuse, la vaticinatrice, ainsi que la pythonisse, la prophétesse et la prêtresse, peuvent également s’enorgueillir de ce savoir. Elles sont en revanche peu représentatives de l’image inquiétante, voire cauchemardesque, de la sorcière telle que façonnée dans la culture occidentale.

Au commencement il y avait Lilith. Première femme d'Adam dans la tradition juive. "Adam et Lilith" sonne certainement moins bien qu'"Adam et Eve" mais ça ne rend pas cette histoire moins abracadabrante que celle que nous conte la Bible à propos du couple originel.

Dès lors qu'elle est chassée du paradis, Lilith sombre dans la décadence. Elle multiplie les infanticides nés de ces accouplements supposés "stériles" avec Sammaël ("venin de Dieu" d'après son étymologie). On l'intronise tour à tour reine des succubes, reine des lamies. Bref, Lilith nous apparaît comme un être pervers et peu recommandable. Difficile de ne pas voir se profiler derrière cette prêtresse de la nuit, cette vierge noire à la virginité pour le moins tapageuse et scandaleuse, le personnage multiple de la sorcière.

Celle-ci est d’abord mi-femme mi animal (aussi bien de par son apparence que par ses instincts d’ailleurs). Dans l'univers gréco-romain, c’est une lamie, une femme enfermée dans un corps de dragon ou de serpent, avide (elle aussi) de chair infantile. C’est une strige, une sorte de vampire (de striga (sorcière) et strix (chouette, en particulier la chouette effraie)), dont on dit qu’elle se nourrit du sang des nourrissons. C’est encore une empuse (ou empouse), sorte de démone sensuelle animée par les mêmes instincts anthropophages que ses contemporaines.

Puis le christianisme s’impose. La sorcière n’est plus qu’un même personnage regroupant toutes les complexités de ses aïeules païennes, adoptant néanmoins des formes plus humaines, séduisantes ou non. Tout se regroupe sous le terme bateau de « sorcière » (ou parfois « magicienne »), on l’affuble par contre de doux qualificatifs. La sorcière est une harpie (Dans la mythologie grecque, la harpie est un mauvais génie à corps d’oiseau, tête de femme et griffes acérées – bref, la cousine de la strige), une marâtre, une virago, une mégère, voire une larve, une aspiole ou encore une goule (tous 3 désignent des génies malfaisants)…

Sympathique portrait n'est-ce pas?

Mais consolons-nous. Après tout son parcours autrement plus accidenté que celui des hommes savants (ces soi-disant « wise men » aux pouvoirs merveilleux), ne rend ce personnage que plus séduisant !

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